Lancée il y a 10 ans, l’édition française du National Geographic Magazine s’apprête à fêter cet anniversaire. L’occasion de revenir sur le succès du plus célèbre des magazines de voyage et de découverte publié, dans sa version originale, depuis 1888 et qui a révolutionné la connaissance du monde.
Quand j’allais aux États-Unis dans les années 80 et 90, je ne manquais jamais de revenir avec l’exemplaire en cours du National Geographic, le magazine dont chaque page me faisait rêver aux beautés du monde… et dont la lecture faisait progresser mon anglais. Jusqu’à ce qu’enfin, à l’automne 1999, une édition française fasse son apparition dans les kiosques. Qu’est-ce qui explique le succès, jamais démenti, du National Geographic ? C’est qu’à la qualité intrinsèque du magazine s’ajoute une composante supplémentaire, celle de faire participer ses lecteurs à la construction de sa légende. Vous avez dit «storytelling» ?
Les plus belles photos
L’une des plus célèbres couvertures est certainement cette petite Afghane photographiée en 1984 dans un camp de réfugiés au Pakistan. Ses grands yeux qui avaient vu la guerre ont fait le tour du monde. Et presque 20 ans plus tard, l’auteur de ce cliché, Steve McCurry, a retrouvée l’enfant devenue femme, symbole à tout jamais d’un pays éternellement martyr. Il ne s’agit pourtant là que d’un exemple parmi des milliers d’autres des photos qui ont fait la renommée du NGM. Des photos qui ont inspiré à leur tour de nombreux artistes : Hergé, Hugo Pratt ou Carl Barks ont ainsi placé Tintin, Corto Maltese ou l’Oncle Picsou dans des décors plus ou moins directement tracés d’après les numéros dont ils étaient grands collectionneurs…
Des expéditions qui ont marqué les esprits
La National Geographic Society, fondée en 1888, s’est donnée pour but le développement et la diffusion de la connaissance géographique. C’est par exemple une de ses expéditions qui a mis au jour les ruines grandioses du Machu Picchu en 1911 ! Et c’est tout à fait officiellement que le magazine a accompagné Hillary au sommet de l’Everest, le commandant Cousteau dans son odyssée sous-marine et Ballard lors de la localisation du Titanic. Encore aujourd’hui, elle a ses propres «explorateurs résidents» comme J. Michael Fay en Afrique et Zahi Hawass en Égypte.
Une marque identifiable à son cadre jaune
En lui remettant le prix du meilleur magazine voyage & découverte en 2007, le jury du SPMI (syndicat de la presse magazine) a justifié son choix ainsi : «Le plus beau, celui qui fait rêver. Des angles originaux, des sujets qui intriguent, une image superbe, toujours innovante, qui amène à la lecture de papiers particulièrement riches et denses. Le magazine de découverte et de connaissance par excellence.» Décliné en DVD, livres et autres produits dérivés, le fameux cadre jaune qui entoure la couverture du magazine est devenu un logo reconnaissable entre mille. Ce principe a été copié – en vert ! – par Géo, en Allemagne d’abord, et depuis 1979 en France. D’ailleurs, chez nous, le NGM est publié conjointement par la National Geographic Soeciety et par Prisma, par ailleurs éditeur de… Géo ! En faisant de chaque abonné dans le monde un sociétaire, la NGS les associe à son histoire et à ses découvertes. Et ne manque jamais de rappeller que «c’est grâce à vous que» etc. L’histoire du cadre jaune n’est donc pas prête de s’arrêter tant que ses lecteurs seront ceux qui lui permettent de la continuer. Ce qui est, certes, vrai de tous les magazines, mais un peu plus encore, dans le cas du National Geographic…